Printemps 2015  
VOLUME 9 | NUMERO 1  
 

 
Pour lire le bulletin, au format PDF, il suffit de cliquer ici ! ›


 
 

Économie circulaire:
La nouvelle voie vers un développement durable?


Par Daniel Normandin

Directeur exécutifInstitut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaireÉcole Polytechnique de Montréal


Le modèle d’économie linéaire (extraire – produire – distribuer – consommer – jeter), en cours depuis les débuts de l’ère industrielle, montre des signes de faiblesse. Présumant une disponibilité infinie de ressources, ce modèle économique établit sa richesse, entre autres, sur la maximisation du nombre d’unités vendues. Peu compatible avec le concept de développement durable, il encourage la surconsommation et le gaspillage des ressources, dont l’énergie, mettant ainsi en péril la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins.

Dans la perspective avérée d’un accroissement important du nombre de consommateurs de classe moyenne à l’échelle du globe au cours des années à venir, la pression sur les ressources, et sur l’environnement en général, ne pourra que s’amplifier. En outre, les pressions sociales pour préserver la qualité de l’environnement se font de plus en plus nombreuses et intenses, particulièrement dans les pays développés, ce qui vient ajouter à la difficulté d’accéder aux ressources, dont les gisements sont de moins en moins concentrés et exigent de plus en plus d’énergie pour les exploiter. Sur le plan économique, la volatilité croissante du prix des matières premières rend de plus en plus difficile l’établissement du coût de revient des biens et services, engendre de l’insécurité sur les marchés, augmente les risques pour les entreprises et décourage les investissements.

Devant ces constats inquiétants, un mouvement de fond visant à réformer le modèle économique linéaire actuel en faveur d’un modèle économique plus respectueux de la capacité de support de la planète se met progressivement en place sur le plan international.

Appelé « économie circulaire », ce nouveau modèle économique s’appuie sur le déploiement concerté de différentes stratégies et outils, mais également sur la collaboration de l’ensemble des acteurs d’une chaîne de valeurs. (cliquez sur l'Image pour l'agrandir)

Économie circulaire

Parmi les piliers de l’économie circulaire, on trouve, entre autres, l’économie de fonctionnalité, qui se fonde sur la vente du service rendu par un produit plutôt que la vente du produit lui-même, et la consommation collaborative, qui maximise l’utilisation d’un produit ou d’un service en le partageant entre plusieurs acteurs. Dans la perspective où la propriété du produit demeure dans les mains du fabricant ou de ses distributeurs, l’allongement de la durée d’usage, par, entre autres, la réparation ou le reconditionnement des produits, prend tout son sens d’un point de vie économique.

En somme, l’économie circulaire vise à maximiser la productivité des produits (et des ressources) déjà en circulation dans le marché. Ainsi, la nécessité d’extraire des ressources vierges pour répondre aux besoins du marché s’en trouve diminuée, de même que l’enfouissement des produits en fin de vie, puisque ces mêmes produits constituent, en bonne partie, la matière première pour la production de nouvelles unités. Il y a donc un intérêt économique, au-delà de l’intérêt environnemental, à fermer les boucles.

Sur le plan énergétique, l’économie circulaire encourage l’utilisation de l’énergie renouvelable. Puisque ce type d’énergie constitue la majeure partie du mix énergétique québécois, le Québec dispose d’un avantage indéniable et pourrait occuper une place enviable dans la perspective du déploiement d’une économie circulaire à l’échelle mondiale. La mise en réseau des acteurs d’une chaîne de valeur sur un territoire donné permettrait-elle de mettre en lumière des solutions innovantes pour être plus efficace sur le plan des ressources, y compris du point de vue énergétique?

Les études récentes, dont celles menées par le Forum Économique Mondial[1] montrent qu’une économie circulaire engendrerait des économies très importantes de matières premières et d’énergie, créerait de nouveaux emplois, notamment en région, en plus de réduire les impacts associés sur l’environnement, dont les changements climatiques.

Le déploiement d’une économie circulaire s’est amorcé en Europe et en Asie, où les gouvernements, les entreprises, les universitaires, les ONG et les consommateurs établissent un front commun pour participer au changement. En Amérique du Nord, le concept d’économie circulaire émerge à peine. Pour accélérer le développement des connaissances et des compétences sur ce sujet et participer à l’effort international visant son déploiement, Campus Montréal a mis sur pied l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (Institut EDDEC). Regroupant plus de 400 professeurs-chercheurs et au-delà de 1500 étudiants issus de HEC Montréal, Polytechnique Montréal et de l’Université de Montréal, l’Institut EDDEC fédère les expertises nécessaires pour participer à l’émergence de l’économie circulaire, mais également pour en repousser les limites. Toutefois, pour que ce nouveau modèle prenne place au Québec, livre ses fruits, et mène à un véritable développement durable, toutes les parties prenantes doivent amorcer une nouvelle ère de collaboration tout au long des chaînes de valeur. Le Forum économique mondial estime qu’il faudra environ 15 à 20 ans avant que l’économie mondiale n’atteigne son régime de croisière. Le Québec est-il prêt à se joindre aux leaders de cette transition? Et ses grands industriels? fin

Notes

  1. http://www3.weforum.org/docs/WEF_ENV_TowardsCircularEconomy_Report_2014.pdf

Notes

Retour au sommaire ›


 
 
  L’ÉNERGIQUE est le bulletin d’information de l’AQCIE. Il est publié quatre fois par année à l’intention des membres et partenaires de l’Association. Toute reproduction est autorisée à condition d’en mentionner la source et de nous en informer au dg@aqcie.org