PRINTEMPS 2014  
VOLUME 8 | NUMERO 1  
 

 
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Mot du président sortant

L’heure des bilans

Par Nicolas Dalmau

Président sortant du Conseil de l’AQCIE et
Vice-président, Énergie et développement stratégique,
Alcoa Canada

J’ai eu le plaisir et le privilège d’occuper la présidence du conseil d’administration de l’AQCIE au cours des quatre dernières années. Avec la fin encore toute récente de ce mandat, cette édition de L’Énergique m’offre une belle occasion de faire un bilan bien personnel de cette période riche en bouleversements économiques et bien sûr énergétiques au Québec.

D’entrée de jeu, cette rétrospective génère en moi un sentiment très partagé. À certains égards, je constate avec déception que le Québec fait du sur-place, alors que sur d’autres fronts, j’ai au contraire la conviction que nous amorçons un virage que j’oserais qualifier d’historique.

Un glissement préoccupant

Commençons par le volet économique. Tout en évitant d’entrer dans les guerres de chiffres qui font l’actualité ces jours-ci, un constat semble faire consensus : le Québec peine à générer de la croissance. Alors que la reprise se manifeste chez nos voisins immédiats, et dans une moindre mesure en Europe, le Québec semble embourbé dans une économie anémique. De 2010 à 2013 inclusivement, le Québec affiche un taux de croissance annuel moyen de son produit intérieur brut (PIB)1 de 1,8 %, alors que la moyenne canadienne sur la même période, tout comme celle des États-Unis, avoisinent les 2,6 %.

Cet écart, d’à peine 0,8 % diront certains, peut sembler mineur, mais le retard qu’accuse le Québec par rapport à ses compétiteurs se traduit dans les faits par des milliards $ en moins dans l’économie et par un cruel manque à gagner pour les finances publiques. Évidemment, cette situation s’explique par une combinaison de facteurs qu’il serait hasardeux de résumer dans ces quelques lignes. Je me limiterai à un seul élément : le climat d’affaires ! Pour rétablir la confiance des investisseurs, il est essentiel de rétablir rapidement au Québec un environnement concurrentiel, non-bureaucratique, stable et prévisible à long terme.

Sur le plan de la tarification de l’électricité, la raison d’être de notre association, le Québec est à contre-courant depuis la crise financière de 2008 : les tarifs québécois continuent d'augmenter alors que les prix de l’électricité chez nos voisins immédiats, en Ontario, dans l’État de New York et en Nouvelle-Angleterre, s'effondrent. Évidemment, ils s’agit de marchés difficilement comparables, le Québec étant réglementé alors que ces juridictions limitrophes ont des marchés d’électricité « ouverts ». On pourrait par ailleurs exposer en long et en large les différentes composantes, justifiées ou non, supportant les hausses décrétées par la Régie. Mais les chiffres sont bien têtus, et dans nos sièges sociaux une seule réalité demeure : le prix de l’électricité au Québec va à contre-courant du reste du continent.

Malgré quelques aménagements récents, qu’on pense aux programme interruptible ou à l’énergie additionnelle, les bases de tarification de l’électricité au Québec sont les mêmes depuis des décennies. Quand je constate la détermination et l’imagination déployées par nos voisins des États-Unis en matière de tarification d’énergie, je ne peux m’empêcher de craindre, qu’au Québec, nous soyons en train de disposer les chaises sur le Titanic.

Vivement un réveil !

Heureusement, tout n’est pas sombre. Conscient du recul de compétitivité de son tarif d’électricité, de ses importants surplus énergétiques, et de la nécessité de dynamiser son économie, le Québec semble amorcer un virage courageux, bousculant au passage plusieurs paradigmes. Dans ses récentes décisions, la Régie de l’énergie vient de fixer les paramètres qui imposeront le partage des gains d’efficience et des trop-perçus d’Hydro-Québec ce qui réduira d’autant les tarifs. Mieux encore, la Régie entend cheminer résolument vers un mécanisme de réglementation dite incitative qui permettrait une meilleure convergence des intérêts de la société d’État et des clients, en introduisant des éléments de compétitivité dans le fonctionnement monopolistique actuel.

Par ailleurs, bien que ce programme suscite au sein de notre association plusieurs inquiétudes quant à son application et ses effets sur les entreprises existantes, l’offre tarifaire investissements-emplois de la plus récente politique industrielle du Québec est une reconnaissance implicite que le Québec doit adapter sa tarification d’électricité aux réalités économiques actuelles. La récente entente entre le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et Alcoa, où la tarification « à partage de risque » liée au prix mondial de l’aluminium a été prolongée dans le temps, est un autre exemple de formule novatrice qui a fait ses preuves.

Même si les défis demeurent grands, c’est néanmoins avec optimisme que je termine mon mandat de président du conseil de l’AQCIE. En matière de réglementation et de politique énergétique, non seulement le menu devant nous est bien garni, mais j’ai le sentiment que le Québec est mûr pour prendre les orientations qui s’imposent. Grâce au travail passionné de notre infatigable directeur exécutif Luc Boulanger et à la contribution précieuse de nos membres, je suis convaincu que l’AQCIE maintiendra son rôle moteur dans l’atteinte de cet objectif. fin

Notes

  1. PIB au prix du marché, en $ constant, Institut de la Statistique du Québec.

Notes

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  L’ÉNERGIQUE est le bulletin d’information de l’AQCIE. Il est publié quatre fois par année à l’intention des membres et partenaires de l’Association. Toute reproduction est autorisée à condition d’en mentionner la source et de nous en informer au dg@aqcie.org