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Mot du président sortant du Conseil
Un avis qui nous importe
Par Michel Gariépy
Président sortant du Conseil de l’AQCIE et
chef, Entretien électrique-instrumentation et Énergie
CEZinc |
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J’aimerais survoler avec vous la portée de l’avis demandé par le ministre Arcand à la régie de l’énergie, sur les mesures susceptibles d’améliorer les pratiques tarifaires.
Cet avis pourrait changer le panorama de la tarification énergétique québécoise. Dans l’invitation que la Régie faisait en juillet 2016 à participer aux consultations, elle précisait sa vision du mandat : proposer des solutions tarifaires inspirées des meilleures pratiques des autres États et territoires, visant notamment une simplification des options offertes aux clients.
La Régie soulignait aussi les grandes préoccupations du ministre : la détérioration de la capacité des ménages à faible revenu à payer à temps leurs factures d’électricité et un certain effritement de la compétitivité des tarifs d’électricité qui risque de miner la situation concurrentielle de certains secteurs industriels québécois, particulièrement ceux soumis à la concurrence internationale. Le ministre Arcand souhaitait aussi recevoir des propositions de solutions pour les industries ayant des besoins particuliers, dont la serriculture et les stations de ski, le tout pour le printemps 2017 et devant se refléter dans les tarifs de 2018.
Cinq thèmes ont été identifiés pour cette consultation, dont trois touchant spécifiquement l’électricité :
- structures et options tarifaires (interfinancement, ménages à faible revenu, industries aux besoins particuliers);
- compétitivité mondiale des prix payés par les clients industriels;
- intégration des nouvelles technologies et leur incidence sur le partage des coûts et sur les tarifs (autoproduction, mobilité électrique, compteurs intelligents, ouverture des marchés de détail).
On le voit, des enjeux de toute première importance pour les industriels actifs au Québec – et particulièrement les sociétés membres de l’AQCIE – y sont traités de front.
La désindustrialisation fait mal à Hydro-Québec
La compétitivité mondiale des tarifs industriels d’électricité est revenue dans l’actualité le 15 août dernier, dans un article coiffé du titre ci-haut, que l’AQCIE a commenté sur son site Web(1). Je reprends ici la conclusion de notre commentaire : Et si la désindustrialisation fait mal à Hydro-Québec, imaginez ce qu’ont à subir les industries elles-mêmes et les collectivités où elles sont les principaux moteurs économiques !
En raison de la concurrence internationale farouche à laquelle les grands industriels sont tous exposés, l’argent demeure le nerf de la guerre. Or, si celle-ci n’est pas perdue, il faut souligner que nos industriels ont déjà subi de nombreuses batailles, dont tous ne sont pas revenus.
Le tableau suivant illustre que l’électricité consommée à tarifs spéciaux par les grands industriels s’est maintenue au cours des dix dernières années, sans cependant augmenter. Par contre, l’électricité vendue au Tarif de grande puissance (L), ne représentait plus en 2015 que 17 % de l’énergie totale distribuée au Québec, en comparaison de 27 % dix ans plus tôt. En ne considérant que les volumes livrés au Tarif L, ceux-ci ont diminué de plus de 36 % depuis 2005. (Cliquez pour agrandir le tableau)
L’efficacité énergétique, dont les grands industriels sont les champions, compte pour quelques points de pourcentage de cette statistique. Malheureusement, l’essentiel de la diminution est attribuable à des fermetures d’usine, des réductions de capacité de production, bref, à une croissance qui ne s’est jamais réalisée.
La concurrence internationale se vit aussi au sein des groupes industriels, qui investissent dans les usines les plus rentables et les plus prometteuses. Sans tarifs industriels d’électricité réellement concurrentiels, stables et prévisibles, des investissements structurants échappent aux installations québécoises, les exposant, à terme, à la délocalisation ou à la fermeture. Une fois le mouvement amorcé, difficile de le juguler.
Maintenant que la question de la compétitivité des tarifs industriels québécois est clairement posée par la Régie de l’énergie, nous devons espérer que la réponse sera à la hauteur des défis à relever.
L’heure de la relève a sonné !
L’AQCIE, et son directeur exécutif Luc Boulanger, travaillent depuis de nombreuses années à l’amélioration de la compétitivité des industriels actifs au Québec. Grâce au travail qu’il a dirigé devant la Régie de l’énergie, les industriels, et en fait tous les clients d’Hydro-Québec, bénéficient chaque année de millions de dollars d’économies sur leurs factures d’électricité. Luc nous présente également dans ce numéro un message qui résume 20 années d’histoire de l’AQCIE et le caractère essentiel, aujourd’hui comme hier, de nos interventions. Je tiens personnellement, et au nom de tous les industriels, à le remercier très sincèrement pour son travail aussi inlassable que pertinent.
À l’évidence, Luc ne peut être remplacé à pied levé et il a accepté d’accompagner pendant quelques mois son successeur, notre nouveau président, Jocelyn B. Allard. Nous savons déjà que ce choix est excellent. Merci encore, Luc, et le meilleur des succès à toi Jocelyn !
- Le gouvernement veut avoir l’heure juste sur la perte de compétitivité des tarifs industriels
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