| 2011-2012 : une quantité exceptionnelle d’annonces de grands projets industriels au Québec. Mais se réaliseront-ils ? Par Jean Matuszewski Président, E&B DATA |
| | 2013 : Rupture de tendance Dans un contexte d’essoufflement du prix des matières premières et de ralentissement de la croissance mondiale, il ne faut pas s’étonner de la baisse dans les nouvelles annonces de mégaprojets industriels privés au Québec en 2013. En effet, à un rythme annualisé, le niveau est le plus bas depuis 2008. Pourquoi les annonces de projets sont-elles particulièrement importantes ? Les annonces révèlent plus que n’importe quel indice la confiance des investisseurs dans leur propre secteur d’activité. L’investisseur a davantage réfléchi à l’avenir que tous les autres analystes et observateurs. S’il décide d’aller de l’avant, c’est qu’il a nécessairement dû prendre en compte toute l’information disponible. Il peut se tromper, évidemment, mais sa décision demeure le meilleur indice du besoin de nouvelles capacités de production dans un marché donné. Tableau 1 : Nouvelles annonces de mégaprojets industriels privés – Québec – 2000 à 2013 (milliards $) Source : E&B DATA. Capex-en-ligne. Juin 2013.. Notes : (1) Mégaprojets : ceux dont la valeur est supérieure ou égale à 1 milliard $. (2) 2,5 milliards $ de mégaprojets ont été annoncés en moyenne par année entre 2000 et 2007. 39 milliards $ de projets, mais une fragilité croissante En juin 2013, 17 projets demeurent en cours au Québec. La part du lion – plus de 27 milliards $ – revient au secteur de l’extraction minière (excluant la transformation à l’extérieur des sites miniers), suivi des métaux primaires – 9 milliards $ – et des autres secteurs – près de 3 milliards $. Bien que les prix des matières premières soient décevants, ils ne sont pas catastrophiques pour autant et les abandons officiels de projets demeurent rares. Ces prix sont cependant parfois trop bas pour rassurer les investisseurs dont la structure financière est fragile : les niveaux de prix peuvent donc remettre en cause le démarrage rapide de nouveaux projets. À l’inverse, l’arrivée de nouveaux partenaires financiers parvient parfois à relancer certains projets. En terme de valeur, 52 % des projets en cours montrent toutefois des signes de fragilité : des projets sont ainsi retardés, réduits, ou même en suspens. En fait, la part des projets fragiles a augmenté de 26 points de pourcentage depuis la fin 2012. De plus, les autres projets actifs s’étalent sur plusieurs années, étant donné leur envergure et leur complexité (études de faisabilité, ingénierie détaillée, autorisations). Pour plusieurs d’entre eux, la construction proprement dite ne commencera pas avant 2014 ou 2015. La masse de projets en cours pourrait ainsi fondre rapidement si la conjoncture devait se dégrader. Tableau 2 : Mégaprojets industriels privés en cours selon le statut – Québec – 2013 (milliards $) Source : E&B DATA. Capex-en-ligne. Juin 2013. Note : Mégaprojets : ceux dont la valeur est supérieure ou égale à 1 milliard $. Opportunités à long terme, risques à court terme Tout le monde s’entend généralement sur la force de la demande de fond à long terme pour les matières premières (métaux ferreux et non-ferreux notamment) en provenance des économies émergentes. Les incertitudes sont à plus court terme sur le plan international : durée du ralentissement de l’économie chinoise, crises budgétaires chroniques des états, fragilité persistante du secteur financier, émergence d’une guerre des devises, pour ne mentionner que celles-là. Cela dit, la valeur des mégaprojets en cours au Québec est deux fois plus élevée que la valeur de toutes les nouvelles annonces au cours des années qui ont précédé la crise financière. Elle représente un potentiel de création de richesse au Québec. Il reste à voir ce que seront les conditions gagnantes pour le réaliser. Source : Série semestrielle « Perspectives Mégaprojets », juin 2013, (Québec). Méthodologie : Les données proviennent de Capex-en-ligne et sont fondées sur la revue des annonces publiques relativement aux grands projets d’investissement industriel privé (valeur supérieure ou égale à 1 milliard $). Les projets auxquels la présente analyse fait référence sont les projets industriels (miniers et manufacturiers) annoncés ou en construction en date de juin 2013. Ainsi, les projets considérés en sont donc soit à l’étape de construction, soit aux étapes préalables (ex. : attente d’autorisations environnementales). Retour au sommaire › |