Automne 2015  
VOLUME 9 | NUMERO 2  
 

 
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Mot du président

Le Québec a l’énergie pour bâtir

Par Michel Gariépy

Président du Conseil de l’AQCIE et
Chef entretien électrique-instrumentation et Énergie
CEZinc

Au cours des dernières années, le secteur énergétique mondial s’est complètement transformé sous l’impulsion de nouvelles technologies et d’une prise de conscience environnementale globale. Quatrième puissance hydroélectrique au monde, le Québec doit aussi s’ajuster à ce nouvel environnement pour demeurer une destination de premier plan pour les projets majeurs d’investissements industriels. En consultations depuis deux ans, le gouvernement devrait présenter sa nouvelle Politique énergétique 2016-2025 au cours de l’automne. Dans le contexte du dépôt imminent de cette politique, qui aura un effet direct sur la compétitivité de l’ensemble des industries membres de l’AQCIE, il est plus que jamais nécessaire de poursuivre nos démarches afin que les décisions prises favorisent à long terme l’emploi et les investissements à forte valeur ajoutée au Québec.

Les enjeux soulevés par les consommateurs industriels d’électricité quant à l’augmentation constante des coûts d’électricité touchent en fait un pan entier de la structure économique du Québec. Le secteur industriel favorise le développement de nouvelles technologies, la mise en place de procédés plus efficaces, sécuritaires et respectueux de l’environnement, en plus de soutenir des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects parmi les mieux rémunérés. Dans plusieurs régions du Québec, les activités des grands consommateurs industriels d’électricité sont le principal moteur économique, parfois même le seul.

En demandant, dans son mémoire sur la prochaine Politique énergétique, que soit maintenue l’exemption du tarif de grande puissance (le tarif L) de l’indexation de l’énergie patrimoniale et que soient offerts des programmes ou des options permettant de ramener les tarifs industriels sous leur valeur nominale, comme cela se fait dans plusieurs juridictions nord-américaines, l’AQCIE prend ses responsabilités vis-à-vis la société québécoise. Il n’est pas suffisant que nous ayons été entendus. Nous devons nous assurer d’être compris et d’amener les changements qui s’imposent.

Retrouver l’avantage concurrentiel du Québec

L’abondance des ressources hydroélectriques, une énergie propre et renouvelable, est un avantage concurrentiel indéniable qui soutient l’essor économique du Québec depuis plus de 60 ans. La position concurrentielle du tarif L s’est toutefois largement effritée, ce que reconnaît le gouvernement1, au point où le Québec figure désormais sous la moyenne de plusieurs pays industrialisés.

Alors que de nombreuses juridictions, comme la Colombie-Britannique, le Manitoba, le Tennessee, la Caroline du Nord, tendent à réduire les tarifs industriels d’électricité pour bénéficier des retombées économiques des grandes industries, le Québec a fait exactement le contraire.

En effet, la pression financière pour le retour à l’équilibre budgétaire s’est répercutée de façon disproportionnée sur les tarifs d’électricité. Depuis 2004, les grands consommateurs industriels d’électricité ont vu leur coût d’électricité bondir à un rythme insoutenable. Cette hausse insupportable est attribuable à de multiples facteurs qui, pris individuellement, peuvent donner l’impression qu’ils sont négligeables. En tout, nous répertorions sept interventions gouvernementales depuis 2000, dont cinq depuis 2009, qui ont eu un impact fondamental sur l’autonomie de la Régie de l’énergie et sur la confiance envers la réglementation.

Le portrait global nous indique qu’il faut porter une attention particulière à toutes les mesures qui ajoutent une pression à la hausse sur les tarifs industriels d’électricité, car celles-ci nuisent à la compétitivité des entreprises et introduisent une incertitude, quant à la progression et à la prévisibilité des tarifs, qui freine les investissements.

Il est essentiel que la nouvelle politique énergétique corrige le tir rapidement et qu’elle soit de nouveau alignée sur le développement économique, une stratégie gagnante dont nous profitons encore aujourd’hui des retombées. Cet appui aux consommateurs industriels d’énergie servira la création d’emplois, les investissements, la croissance des activités et la venue de nouvelles entreprises de calibre mondial, car l’équilibre budgétaire passe aussi par une économie plus dynamique.

Le secteur industriel québécois tourné vers l’avenir

Le secteur industriel n’est pas figé dans le temps. Dans leurs démarches, les membres de l’AQCIE visent constamment un équilibre entre la création de richesses pour les individus, les collectivités et le gouvernement et le respect de l’environnement.

Pour rester concurrentielles à l’échelle mondiale et répondre aux attentes légitimes de la société, les industries doivent évoluer. Même si la consommation d’électricité demeure un élément central au cœur de son développement, le secteur industriel a diminué ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 21 % entre 1990 et 2012, selon un rapport du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques publié en 2015. En matière de GES, les améliorations les plus notables faites au Québec au cours des dernières années ont d’ailleurs été réalisées dans le secteur industriel et les nouveaux projets se font dans le respect des principes du développement durable.

L’AQCIE en mode solutions

Le gouvernement et l’AQCIE s’entendent globalement sur le fait que les tarifs industriels d’électricité actuellement en vigueur au Québec sont de moins en moins concurrentiels à l’échelle internationale. Tous sont conscients que le prolongement de cette situation pourrait peser lourd sur les décisions d’affaires des entreprises dont l’avenir repose essentiellement sur l’accès à une grande quantité d’énergie à faible coût. Depuis plusieurs années, nous collaborons sur une base régulière avec le gouvernement, précisément pour éviter la décroissance de l’activité industrielle au Québec.

En juillet dernier, l’AQCIE a formulé pas moins de 20 recommandations pour alimenter la réflexion du ministre sur la prochaine politique énergétique. Touchant la réglementation, l’efficacité énergétique, les tarifs industriels, la production et les approvisionnements ainsi que les exportations, notre mémoire2 contient tous les ingrédients pour mettre en place les jalons qui permettront aux industriels d’accroître leur contribution essentielle à l’économie du Québec.

Nous espérons que ces recommandations inspireront les grandes orientations en matière énergétique que nous découvrirons sous peu dans la nouvelle Politique énergétique 2016-2025. fin

Notes

  1. « ATTENDU QUE, malgré une position concurrentielle enviable, un certain effritement de la compétitivité des tarifs d’électricité est constaté, lequel risque de miner la compétitivité de certains secteurs industriels québécois, particulièrement ceux soumis à la concurrence internationale; » Décret 841-2014, 24 septembre 2014 CONCERNANT les préoccupations économiques, sociales et environnementales indiquées à la Régie de l’énergie se rapportant à l’évolution des tarifs d’électricité pour l’année tarifaire 2015-2016
  2. Pour une politique énergétique qui dynamise la structure industrielle du Québec, Mémoire de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité – AQCIE – Consultation sur la Politique énergétique 2016-2025, Montréal, le 8 juillet 2015

Notes

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