Juin 2010  
VOLUME 4 | NUMERO 2  
 

 

Notre nouveau conseil d’administration 2010 - 2011




Le 18 mars dernier se tenait l’assemblée annuelle des membres de l’AQCIE et ces derniers y ont notamment procédé à l’élection du nouveau conseil d’administration. Lors de leur première réunion, le 20 mai, les membres du conseil ont nommé leur exécutif ainsi que le président du conseil d'administration pour le terme 2010-2012, Nicolas Dalmau.

Nicolas DalmauNos membres et les lecteurs assidus de l’Énergique connaissent bien Nicolas Dalmau, puisqu’il nous a offert à plusieurs occasions des analyses poussées et bien documentées des grands enjeux énergétiques. Diplômé de HEC Montréal en administration des affaires, sa carrière a toujours été associée aux questions énergétiques.

D’abord en poste chez Gaz Métropolitain, il y traite particulièrement de contrats d’approvisionnement, de transport et d’entreposage de gaz naturel. Sa carrière prend ensuite la voie du secteur industriel lorsqu’il se joint en 2000 à Boralex, puis en 2002 à Air Liquide, assumant dans ces deux entreprises la direction des questions énergétiques, en plus de responsabilités associées à la gestion du risque, aux transactions d’approvisionnement et aux opérations de couverture.

Riche de cette expérience diversifiée, il entre chez Alcoa Canada en 2005 en qualité de directeur, Énergie, où il devient responsable de l’approvisionnement en énergie, de l’efficacité énergétique et de la réglementation. Il joue un rôle central dans les négociations avec le gouvernement du Québec et Hydro-Québec qui ont mené au renouvellement de l’approvisionnement en électricité des trois alumineries québécoises, à la renégociation des redevances hydrauliques pour la centrale hydroélectrique McCormick et à l’obtention d’un bloc d’énergie électrique additionnel, associé à la modernisation de l’Aluminerie de Baie-Comeau.

En octobre dernier, il était nommé au comité de direction d’Alcoa Canada Produits primaires et recevait la responsabilité additionnelle du développement stratégique de l’entreprise. À ce titre, il voit à la planification stratégique d’Alcoa Canada Produits primaires, tout en identifiant les occasions de développement qui correspondent aux priorités de l’entreprise.

Nicolas Dalmau est aussi membre du conseil d’administration de l’Association des consommateurs industriels de gaz (ACIG), ajoutant ainsi un autre volet à son expertise auprès de la Régie de l’énergie du Québec.

Sa maîtrise des enjeux auxquels les membres de l’AQCIE sont confrontés et les nombreuses contributions qu’il a déjà apportées à notre association sont de bon augure pour les actions qu’il mènera au cours de sa présidence. Souhaitons lui, et souhaitons nous, le meilleur des succès !

 

Président
M. Nicolas Dalmau
Alcoa Canada

Vice-président
M. Serge Bergeron
Rio Tinto Fer et Titane

Trésorier
M. Jean Goyette
EKA Chimie Canada Inc.

Président sortant
M. Carl Yank
ERCO Mondial

Directeurs

M. Éric Angers
Air Products Canada Ltée

M. Benoît Pepin
Rio Tinto Alcan

M. Denis Faucher
PPG Canada Inc.

M. Michel Gariépy
CE Zinc Canada

M. Lloyd B. Webb
Olin

M. François Perras
ArcelorMittal

Directeur exécutif de l'AQCIE
Luc Boulanger
 

 


 

image Chronique d’une catastrophe annoncée

Par Luc Boulanger

Directeur exécutif, AQCIE


À la lecture de notre article sur la perte de compétitivité du tarif de grande puissance (L) d’Hydro-Québec, « L’approche tarifaire québécoise ne doit pas entraîner de désinvestissement » paru dans le dernier bulletin L’Énergique, certains ont pu penser que nous noircissions à dessein la situation des consommateurs industriels d’électricité.

Des renseignements obtenus récemment dans le cadre des causes entendues devant la Régie de l’énergie viennent non seulement confirmer nos appréhensions, mais jeter un éclairage troublant sur l’avenir des grandes entreprises établies au Québec et, de ce fait, sur les perspectives économiques du Québec et de ses régions. Car les grandes entreprises jouent un rôle moteur dans les régions du Québec et l’expérience nous enseigne que lorsque ce moteur connaît des ratés, ou pire, qu’il cesse de fonctionner, il est très difficile, parfois même impossible, de faire redémarrer l’économie de régions entières.

Une consommation en baisse constante

Tant en valeur absolue qu’en pourcentage des ventes d’Hydro-Québec, comme l’indique le tableau suivant, le secteur industriel connaît une décroissance rapide, signe d’une baisse dramatique du niveau d’activité.

tableau_1

Même si la récession explique une partie de la diminution des ventes absolues en 2009, elle ne justifie pas à elle seule la poursuite de la baisse en terme de pourcentage des ventes ni, à l’évidence, la diminution de près de 10 % des ventes absolues qui a été observée entre 2006 et 2007, pourtant une période de forte croissance économique.

Comme l’indique cet autre tableau repris de l’étude de E&B Data que nous citions dans l’article cité plus haut, les investissements en immobilisations des grandes entreprises ont suivi une courbe inverse à celle de l’augmentation du tarif L.

Tableau 3a

Source : Statistique Canada, Enquête sur les dépenses en immobilisation 2008. Dépenses réelles pour 1998-2007. Dépenses réelles provisoires pour 2008.

Tableau 3b

Source : Hydro-Québec Distribution. Rapport annuel, 2008, 2007.

Et lorsque les immobilisations structurantes déclinent, cela annonce ce qui s’est réalisé : la réduction de la production et la fermeture permanente d’installations, voire d’entreprises.

Des fermetures dans tous les secteurs

Certains secteurs économiques du Québec sont en restructuration depuis plusieurs années et la fermeture de certaines installations est alors incontournable. Mais, comme l’indique le tableau suivant, les fermetures complètes de grandes entreprises entre 2005 et 2010 touchent de larges pans de la structure industrielle du Québec :

tableau_2

En fait, la réalité est si inquiétante que l’AQCIE doit maintenant revoir à la baisse le nombre d’entreprises dont elle défend les intérêts, qui, de 161 qu’il était il y a à peine cinq ans, se réduit maintenant à 150, puisque très peu de nouvelles implantations viennent remplacer les entreprises qui ferment leur porte.

tableau_3

Ainsi, nous ne pouvons qu’être d’accord avec le ministre Claude Bachand qui, lors du dépôt de son budget, défendait le maintien du tarif L pour la grande entreprise en soulignant le rôle essentiel que cette dernière joue comme moteur économique et comme donneur d’emploi. La question qui se pose maintenant c’est : pourra-t-on éviter le pire en se contentant ne pas augmenter un tarif L qui s’avère de moins en moins concurrentiel à l’échelle mondiale ?


 

Pierre Cossette La grande hydraulicité ne doit pas être laissée en RESte

Par Pierre Cossette

Directeur Accords stratégiques,
Projets Cameroun, Rio Tinto Alcan


Si j’abonde sur certains points soulevés par Pierre-Olivier Pineau, professeur agrégé de HEC Montréal, dans son article « La reconnaissance de la grande hydroélectricité aux États-Unis : le point sur la question » diffusé dans la dernière parution de l’Énergique, je dois cependant diverger d’opinion sur un point majeur qui sert de fondement à son argumentation.

Commençons par le point qui fait chez nous l’unanimité, le réel objectif des mesures d’encouragement à l’utilisation des énergies renouvelables devant être la réduction des GES, toutes les énergies renouvelables devraient être admises aux crédits des Renewables Energy Standards, ou RES, avec un minimum de bureaucratie et un maximum d’efficacité. En ce sens, l’initiative du gouvernement fédéral des États-Unis de légiférer globalement sur cette question devrait être vue comme un pas dans la bonne direction, dans la mesure où cette réglementation ne vient pas seulement se superposer à celles des différents États.

Et si toutes les énergies renouvelables doivent être admises, dont la grande hydraulicité, c’est que cette dernière ne bénéficie pas d’avantages intrinsèques comme le suppose M. Pineau. Si son coût de production est faible aujourd’hui, c’est que les coûts en capital relatifs aux immenses travaux que représentent les grands barrages sont largement amortis.

Par contre, lorsque l’on considère la grande hydraulicité sur la même base que les formes alternatives de production d’électricité, à savoir en intégrant le coût en capital, on s’aperçoit rapidement qu’elle est loin d’être avantagée. Si, comme il l’écrit, le gouvernement du Québec reconnaît lui-même le besoin d’une aide à la production éolienne, par le prix qu’Hydro-Québec propose dans ses appels d’offres, c’est que le coût moyen de production de la grande hydraulicité est inférieur. Mais si l’on compare son coût marginal, alors c’est une toute autre histoire.

La preuve en est que les entreprises privées ne s’intéressent pas à la grande hydraulicité qui est, presque partout, réalisée par l’État en raison des ressources en capital énormes que ces projets requièrent et de leur faible rendement à court terme.

Si la grande hydraulicité établie peut se satisfaire, selon le texte du ministère des Ressources et de la Faune cité par M. Pineau, d’un « accès aux marchés sur une base concurrentielle avec les acteurs locaux », il en va tout autrement de la nouvelle grande hydraulicité qui a tout autant besoin que les autres formes d’énergie renouvelable de l’encouragement offert par les RES pour développer son plein potentiel.

L’Association canadienne de l’hydroélectricité parle à cet égard de plus de 60 000 MW, pouvant être produits dans des régions de plus en plus éloignées, donc de plus en plus coûteux à développer. Cette avenue, si l’on veut réellement réduire les émissions de GES en Amérique du Nord, ne peut être ignorée.

Et le Vermont a compris !

On lisait dans le quotidien La Presse du 4 juin, sous la plume d'Hélène Baril :

Hydro-Québec un coup de pouce du Vermont

C'est aujourd'hui que l'État du Vermont consacre officiellement l'hydroélectricité du Québec comme de l'énergie verte qui sera considérée comme telle dans son portefeuille énergétique. Il s'agit d'une première pour Hydro-Québec, qui souhaite depuis longtemps cette reconnaissance. « C'est un premier pas qui sera j'espère suivi par d'autres », a commenté hier le PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, qui était l'invité du Conseil de relations internationales de Montréal. Hydro-Québec et le Vermont viennent de s'entendre pour renouveler un contrat d'approvisionnement à long terme. Pour le Vermont, l'achat d'électricité du Québec devient admissible aux subventions du gouvernement fédéral, avec cette qualité d'énergie verte.



QUOI DE NEUF À LA RÉGIE

Par Luc Boulanger

Directeur exécutif, AQCIE


Rencontre annuelle du président

Depuis quelques années déjà, le président de la Régie de l’énergie, Jean-Paul Théorêt, organise une série de rencontres annuelles qui regroupent chacune des grandes catégories d’intervenants usuels qui se présentent devant la Régie, soit notamment les consommateurs, les écologistes et les entreprises réglementées.

C’est ainsi que les représentants des consommateurs* ont eu le plaisir à la fois de le rencontrer et d’échanger entre eux le mardi 25 mai dernier. Je dis bien le plaisir, car si les points de vue des différents représentants des consommateurs s’opposent généralement dans les représentations qu’ils font devant la Régie sur des dossiers particuliers, cette rencontre permet de discuter de façon détendue et même de découvrir des affinités que l’on ne soupçonnait pas, et ce dans le respect de chacun.

Cette rencontre s’avère aussi d’une importance capitale pour la Régie car elle lui permet d’obtenir un « feed-back » de la part des intervenants sur ses procédures, son calendrier son Guide de paiement des frais, considéré par plusieurs comme « le nerf de la guerre ». C’est aussi l’occasion pour les intervenants de parler librement sans crainte de représailles.

Les moyens de défendre un point de vue utile
Les associations et organismes présentant des points de vue différents de ceux des entreprises réglementées ne disposent pas des mêmes moyens financiers que ces dernières. Afin d’assurer la valeur probante des débats, il est donc essentiel que les frais de représentation et d’expertise des associations soient compensés.

Le guide détermine justement les modalités de ce remboursement, notamment les tarifs établis pour les avocats et les experts, les règles de réclamation, etc. Il est acquis qu’un certain contrôle doit être exercé afin d’éviter d’éventuels abus, qui seraient alors reflétés dans la base tarifaire. Cependant l’approche de la Régie s’avère sous certains aspects inutilement complexe, voire tatillonne, et bien que plusieurs modifications aient été apportées au cours des dernières années, de mon humble avis, pour avoir fait des représentations devant de tels organismes tant au Québec qu’à l’échelle canadienne depuis plus de 20 ans, il y a encore place à l’amélioration.

Le président de la Régie a avoué se questionner lui-même sur l’utilité du dépôt d’un budget de frais avant le début d’une audience, budget dit de participation. Nous sommes bien de son avis, et cela pour deux raisons. Premièrement, puisque plusieurs des variables sont difficiles à évaluer avant les procédures, et qu’elles ont une incidence certaine sur le total des frais, les intervenants font souvent preuve d’une grande précaution en gonflant les coûts anticipés. Il n’est pas rare que les frais réclamés en fin d’audience soient à peine la moitié de ceux budgétisés. D’ailleurs, la Régie ne se prononce généralement pas sur ce budget et n’est pas liée par ce dernier dans sa décision sur les frais.

Deuxièmement, puisque le « quantum », le pourcentage des frais remboursables, est établi par la formation de régisseurs qui rend la décision, cette mesure suffit à elle seule à éviter les excès. En effet, l’intervenant qui aurait investi inutilement dans une présentation démesurée en serait quitte pour ses frais si les régisseurs décidaient de n’en rembourser que 10 %... Bref, il nous semble que la question du budget de participation en est une dont la Régie pourrait, littéralement, faire l’économie. L’essentiel demeurant de payer le juste prix pour de bons experts qui contribuent à éclairer la Régie afin de lui permettre de rendre des décisions justes et équitables.

Des initiatives intéressantes
Le nouveau Guide de paiement des frais prévoit qu’un intervenant peut se retirer en cours de procédure, avec pleine compensation de ses frais. Cette nouvelle mesure est porteuse d’économies d’énergie et d’argent tant pour les intervenants que pour la Régie.

De plus, en autorisant désormais le dépôt électronique des dossiers afférents aux requêtes, la Régie prend là une décision qui va dans le sens de l’efficacité et de l’allègement du processus règlementaire.

Lors de cette rencontre, le président de la Régie nous a aussi informés qu’elle entendait déposer à l’automne son plan stratégique 2010-2013, qui s’articule autour de trois grandes priorités :

  • faciliter, dans la mesure du possible, l’intervention des groupes;
  • conduire les audiences de façon rapide et efficace; et,
  • assurer une plus grande cohérence des décisions, les unes en rapport avec les autres.

En concluant la rencontre, il nous a également informés que le rapport annuel de la Régie serait déposé devant l’Assemblée nationale avant son ajournement du 11 juin prochain.

En conclusion, nous estimons que les rencontres annuelles du président de la Régie de l’énergie du Québec sont une excellente initiative, très productive, et nous ne pouvons qu’espérer que la prochaine nous apportera encore de bonnes nouvelles sur la simplification des procédures.

* Assistaient à la rencontre des représentants de l’ACEF Québec, de l’AQCIE, de l’ACIG, du CIFQ, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, d’Option consommateurs, de l’Union des consommateurs, et de l’Union des municipalités.

 
 

 
  L’Énergique est le bulletin d’information de l’AQCIE. Il est publié quatre fois par année à l’intention des membres et partenaires de l’Association. Toute reproduction est autorisée à condition d’en mentionner la source et de nous en informer au dg@aqcie.org