JUIN 2008  
VOLUME 2 | NUMERO 2  
 
 

Mot du président

L’efficacité énergétique :
D'importants efforts des industriels portent fruit

Par Carl Yank
Président du Conseil de l’AQCIE
et Directeur général, ERCO Mondial


J’ai commencé mon mandat à titre de président du Conseil de l’AQCIE lors de la dernière assemblée générale qui s’est tenue le 27 mars dernier. C’est un plaisir pour moi de prendre le relais de notre collègue Serge Bergeron, qui demeure membre du conseil d’administration. J’en profite pour le remercier de son engagement qui ne s’est pas démenti depuis la fondation de l’Association en 1980. D’ailleurs, il faut noter la très grande fidélité de tous les membres du Conseil qui pour la plupart sont présents et actifs depuis de nombreuses années. Nous accueillons aussi avec plaisir cette année un nouveau membre au CA, il s’agit d’Éric Angers de Air Products Canada Ltée., à qui nous souhaitons la bienvenue.

Une de nos premières activités a été de rencontrer le caucus des députés du Parti Québécois pour poursuivre avec eux la discussion amorcée plusieurs mois auparavant concernant les enjeux qui nous intéressent relativement aux demandes de l’AQCIE en faveur d’une politique tarifaire stable, juste et équitable offrant à nos usines la flexibilité nécessaire pour leur permettre d’être compétitives sur les marchés mondiaux avec nos produits.

L’accueil a été excellent et nous avons pu leur démontrer l’importance, qui se chiffre à 14 ¢/KWh, des retombées économiques de notre présence dans l’économie des régions, le fait que plus on exporte de l’électricité, moins c’est payant et qu’il est donc essentiel de miser sur un portefeuilles diversifié en matière énergétique comprenant la transformation sur place par les entreprises grandes consommatrices, les échanges et l’exportation des surplus.

Nous leur avons également souligné notre grande déception face à l’intervention gouvernementale auprès de la Régie par le biais d’un décret visant à empêcher la mise en place de hausses de tarifs différenciées. Nous leur avons aussi expliqué à quel point une telle intervention dans un processus réglementaire était de nature à générer de l’incertitude chez les entreprises consommatrices pour qui la stabilité des tarifs et l’indépendance du processus réglementaire sont très importants.

Sur le volet de l’efficacité énergétique, je tiens à souligner l’excellente participation des grandes entreprises consommatrices. L'AQCIE a d'ailleurs assisté à un bilan, qui s'est tenu les 21 et 22 avril dernier, aux côtés de plus de 200 participants de tous les secteurs d'activités économiques ainsi que des représentants des consommateurs et des écologistes. Cette consultation s'est faite dans le cadre de l'obligation de l'agence de déposer son plan d'ensemble pour approbation par la Régie, sur recommandation du ministre. Les objectifs sont ambitieux et les sommes qui y seront consacrées sont significatives, dont 250 M$/an avec une contribution initiale de 350 M$ du fédéral, soit plus de 1,6 G$ sur 5 ans pour le plan vert seulement. Les objectifs pour Hydro-Québec sont haussés à 11 TWh d'ici 2015, la société d'État investira avec ses partenaires deux milliards $ dans l’économie d’énergie d’ici 2011. Comme de nombreux organismes sont responsables de plusieurs programmes, les intervenants ont recommandé que l'agence joue le rôle de "comptoir unique".

Sur ce, bon été et au plaisir de vous voir à notre journée de golf le 18 septembre à Sorel-Tracy !


Mot du directeur exécutif

Le tarif à paliers pour l’industriel ou «Step Rate» actuellement sous étude

Des effets pervers à long terme sont à prévoir

Par Luc Boulanger
Directeur exécutif, AQCIE


Dans la stratégie énergétique 2006-2015, le gouvernement du Québec, préoccupé par la nécessité de faire passer un signal de prix qui se rapproche du coût réel des derniers approvisionnements, demandait à Hydro-Québec de proposer à la Régie de l’énergie une tarification à paliers pour tous les consommateurs, y compris les grands industriels. Il y était spécifié que ces propositions, suivant le principe de la neutralité tarifaire, ne devaient pas avoir pour effet d’augmenter la facture globale de l’ensemble des consommateurs. Inspiré du modèle de Step Rate en vigueur en Colombie-Britannique, il est donc question pour les consommateurs industriels d’électricité du Québec de se voir imposer un tel modèle de tarifs.

http://www.regie-energie.qc.ca/audiences/3644-07/index3644.htm

Selon le tableau précédent : au 1er avril 2008, suite à l’établissement d’une référence pour la consommation annuelle de l’usine, 10 % de sa consommation est facturée au coût marginal de 7,36 ¢/kWh et 90 % au coût moyen des approvisionnements patrimoniaux, soit 2,46 ¢/kWh (en Colombie-Britannique).

Hydro-Québec Distribution, quant à elle, ne recommande pas l’introduction d’un Step Rate pour la clientèle de grande puissance. «Ce type de tarif ferait supporter des risques trop importants aux grands clients industriels et au Distributeur en contrepartie d’un apport additionnel négligeable en efficacité énergétique.»

L’AQCIE partage entièrement ce point de vue et considère que l’introduction éventuelle d’une telle tarification comme une menace grave au modèle de développement économique du Québec. Plusieurs raisons motivent notre opposition à l’application du modèle de la Colombie-Britannique.

Des effets pervers qui vont nuire au développement économique

Le Step Rate n’est pas un système intelligent : il incite les industriels à réduire leur consommation, mais ne permet ni d’en analyser le comment, ni d’en moduler les effets. L’alternative la plus facile qu’il offre aux grands industriels, qui désirent ardemment voir diminuer leurs coûts de production, est de réduire leur consommation, sans investir dans l’implantation de mesures d’efficacité énergétique. Autrement dit, selon le modèle de la Colombie-Britannique, le moyen le plus facile pour que ça coûte moins cher à une usine visée par le Step Rate, c’est de diminuer sa consommation de 10 %. Quand une entreprise, généralement une filiale d’un conglomérat comptant d’autres usines dans plusieurs juridictions, diminue sa consommation sans avoir mis en place des mesures d’efficacité énergétique, c’est généralement soit parce qu’elle délocalise ses opérations, soit qu’elle rationnalise ses activités en fusionnant des usines opérant dans une même juridiction (en fermant carrément une usine), bref ce n’est jamais une bonne nouvelle pour la communauté qui l’accueille. Car, il faut bien comprendre que contrairement à la clientèle résidentielle, les industriels ne sont pas captifs et se voyant confrontés à une hausse de tarifs en raison d’un accroissement de leur consommation, des dispositions seront prises pour délocaliser leur production. Cela est d’autant plus vrai que la plupart des usines sont des filiales de consortium présents dans de nombreux pays.

À la rigueur, en Colombie-Britannique, l’effet de la délocalisation de production peut être amenuisé, étant donné que le marché de l’électricité est ouvert. Il est possible pour les entreprises soit de s’approvisionner ailleurs, soit de produire leur propre électricité, ce qui peut réduire l’impact négatif d’une diminution de consommation, mais cela est impossible dans le marché réglementé du Québec.

En résumé, au lieu de favoriser les projets d’expansion et le développement économique à partir des usines en place, une telle tarification a tendance à réduire le volume d’activité au profit d’autres juridictions sans pour autant inciter les entreprises à s’engager sur des horizons de 10 ou 20 ans, dans une perspective de développement durable. En effet, l’approche québécoise est beaucoup plus intelligente, car elle vise plutôt l’amélioration des processus, qui offre pérennité d’une part et permet, par l’aide financière apportée pour l’implantation de ces mesures, une amélioration du rendement du capital investi dans un contexte où seuls les meilleurs projets se voient attribuer le capital requis pour leur mise en œuvre. Ce qu’il faut également bien comprendre, c’est qu’avec les programmes d’efficacité énergétique développés conjointement par Hydro-Québec et les entreprises et non pas imposés unilatéralement comme le serait le Step Rate, les entreprises en sont partie prenante et sont donc plus motivées à y participer. Puis, il y a le double avantage de l’économie d’énergie et de l’amélioration de la technologie et des procédés de fabrication, faisant en sorte que ces investissements contribuent grandement à la modernisation des usines. Et des usines modernisées dans lesquelles on a investi en termes de technologies de pointe sont des usines qui vont durer et qu’un siège social serait davantage hésitant à fermer.

En outre, pour certains membres de l’AQCIE qui ont eu à expérimenter un tel système de tarification, il est clair que cela désavantage les augmentations ponctuelles de production pour répondre à une demande limitée dans le temps. Bref, ce système n’offre pas l’indispensable flexibilité, qui permet aux entreprises d’être compétitives. Autre élément à considérer quand on veut mesurer les conséquences de l’application éventuelle du Step Rate, ce sont les impacts qui se manifesteront à moyen et long terme et qui sont irrémédiables. Ainsi, ce sera graduellement et de façon sournoise que la production migrera vers d’autres usines. Une fois les contrats octroyés ailleurs, il est trop tard, car les chances qu’ils reviennent sont pratiquement inexistantes.

Le Step Rate moins efficace et économiquement moins rentable que les PGEÉ

Si on regarde du côté des résultats obtenus en 2007 des programmes d’efficacité énergétique des grandes entreprises au Québec, on constate un taux de participation très élevé.

Il s’agit de résultats extrêmement positifs qui n’ont eu aucun impact négatif sur le développement industriel des régions. Au contraire, les entreprises ont amélioré leur efficacité, produisant autant avec moins d’énergie, ce qui est tout à fait conforme aux objectifs gouvernementaux et sociétaux de développement durable.

Si on compare avec le Step Rate de la Colombie-Britannique, seulement 27 % de la réduction de la consommation de 1 063 GWh est attribuable à l’implantation de mesures d’économie d’énergie et 13 % relatif à de l’autoproduction.  On se retrouve donc avec 60 % de réductions, dont il est impossible d’identifier la provenance, mais on soupçonne la délocalisation de la production d’en être une cause majeure. Notons que ces résultats déjà inquiétants ne sont le reflet que de deux ans d’application du Step Rate dans cette province. Avec un cycle de décision qui se réalise sur un horizon de moyen terme (3 à 5 ans) pour les grandes entreprises, on peut penser que les résultats de délocalisation, difficiles à identifier car la provenance de la réduction de consommation est inconnue dans leurs statistiques, seront pires dans les prochaines années.

Ajoutons qu’avec le Step Rate, le tarif applicable pour les 90 % de la consommation étant très bas, il n’y a pour les entreprises aucun incitatif à appliquer des mesures d’efficacité énergétique au-delà des 10 %. Au Québec, parmi les industriels qui se sont prévalus des programmes d’efficacité énergétique, 15 % visent des économies supérieures à 10 %. Donc en termes de vision d’avenir, on peut aussi se questionner. Soulignons également que cette tarification risque d’instaurer une iniquité entre les entreprises qui ont mis en place des programmes d’efficacité énergétique avant l’entrée en vigueur de la tarification à paliers et celles qui ne l’ont pas fait, au profit de ces dernières, ce qui envoie un signal tout à fait contreproductif en récompensant celles qui ont fait le moins.

Par définition, l’approche du Step Rate vise la neutralité tarifaire alors que le modèle québécois vise à en faire plus avec moins. Il est à noter que dans l’horizon 2008 à 2011, l’impact à la baisse sur les tarifs réalisé avec le modèle québécois est considérable, comme en fait foi le tableau qui suit :

À des années-lumière de nos objectifs

Depuis de nombreuses années, l’AQCIE, au nom des grands consommateurs industriels d’électricité, réclame notamment une flexibilité dans les tarifs pour leur permettre de demeurer compétitives sur les marchés mondiaux qui sont les leurs. Nous l’avions d’ailleurs indiqué dès la publication de la stratégie énergétique du gouvernement et nous avions souligné à quel point la situation des grandes entreprises peut être fragile si on ne peut leur garantir stabilité, souplesse, prévisibilité. Cela avait à l’époque fait sourire nos détracteurs. Or, malheureusement depuis ce temps, avec la montée fulgurante du dollar canadien et la crise dans les secteurs des pâtes et papiers, du bois d’œuvre et de la chimie, pour ne nommer que ces deux facteurs, on a recensé une cinquantaine de fermetures importantes d’usines au Québec dans le secteur manufacturier.

À un point tel que le Distributeur se retrouve à gérer des surplus considérables d’électricité, faisant là aussi tomber un autre mythe, celui qui veut qu’exporter de grandes quantités d’électricité, c’est très payant. C’est si peu payant, comme nous l’avions démontré à de nombreuses reprises que la Régie, après avoir autorisé la suspension du contrat de TransCanada Energy pour 4 TWh d’énergie, vient d’approuver les conventions visant le report des livraisons du producteur au distributeur pour une quantité additionnelle de 9 TWh.

L’AQCIE s’interroge véritablement sur les incohérences de plus en plus manifestes entre la stratégie énergétique et la politique de développement économique du gouvernement du Québec. C’est comme si les efforts faits d’un côté pour attirer des investissements et stimuler la croissance économique étaient court-circuité par une implantation intempestive et de courte vue de la stratégie énergétique, une mise en œuvre qui ne prend pas le temps de mesurer les impacts auprès de la clientèle industrielle, qui représente quand même 42 % de toute l’électricité consommée au Québec et qui n’apprécie guère être bousculée par des modifications importantes et aux conséquences imprévisibles à la tarification et à l’approvisionnement.

En effet, malgré la preuve probante qui lui a été soumise par tous les intervenants sauf un dans le dossier de la dernière requête tarifaire, la Régie a décidé de poursuivre les études en vue d’implanter le Step Rate au Québec. Cela crée incertitude et insécurité dans les usines, mais aussi dans les bureaux des sièges sociaux, là où se prennent les décisions cruciales d’investir ou non dans une juridiction. Quand dans sa stratégie énergétique, le gouvernement a fait de la question des coûts marginaux de long terme une question qui transcende et dépasse toutes les autres considérations, il a fait preuve d’une vision de courte vue que nous avions dénoncé à l’époque, mais qui, si elle est poursuivie, risque fort d’avoir des conséquences désastreuses en termes de maintien et de développement de l’activité industrielle dans les régions du Québec.


Quoi de neuf à la Régie?
Par Luc Boulanger

La Régie de l’Énergie vient de rendre sa décision dans la phase I du dossier de la demande d’approbation du plan d’approvisionnement 2008-2017 du Distributeur. Cette première phase du dossier traite de l’approbation de conventions intervenues entre les divisions Production et Distribution d’Hydro-Québec relativement à la suspension et au report de 9 TWH d’électricité en surplus. Ces surplus s’ajoutent aux 4 TWh qui avaient été identifiés l’an dernier et qui avaient amené la suspension du contrat de TransCanada Energy. La Régie approuve donc ces conventions et motivera sa décision ultérieurement, compte tenu qu’il est urgent pour le Distributeur de programmer dès maintenant ses approvisionnements auprès du Producteur.

C’est donc la troisième fois que le Distributeur se pointe devant la Régie depuis février 2007 pour suspendre des livraisons d’électricité. On se rappellera que la Régie avait refusé la première fois de suspendre les livraisons et avait ordonné au Distributeur d’en disposer sur les marchés, expérience qui s’est avérée non seulement risquée, mais largement moins profitable que la Régie avait anticipé.

Des conditions avantageuses pour les usagers québécois

Cette fois, les propositions qui ont été soumises à la Régie par Hydro-Québec sont particulièrement avantageuses pour les  usagers québécois: le Distributeur est en mesure d’éviter tous les coûts relatifs au contrat et de reporter la livraison de 9 TWh d’électricité durant la période 2008 à 2011. Le Distributeur pourra ensuite prendre livraison de cette électricité durant la période de 2013 à 2020 au prix du contrat qui aura cours durant cette période, selon l’ajustement de 2 % l’an, prévu dans les ententes originales.

Afin d’évaluer le mérite de ces propositions, une étude économique a été faite en comparant cette option avec celle de la revente sur les marchés. Évidemment, plusieurs hypothèses doivent être faites relativement aux prix de marché pour la revente, aux volumes qui seront différés, aux coûts évités des approvisionnements additionnels requis au-delà de 2013, à la rémunération du capital et des comptes de frais reportés.

Alors, suite à une analyse de sensibilité, les experts de l’AQCIE ont été en mesure de démontrer que dans le pire des cas (scénario hautement improbable), la valeur actuelle nette du scénario du report des livraisons demeure 17 M$ plus avantageux que celui de la revente. Le scénario le plus probable quant à lui démontre un avantage de 176 M$ toujours en faveur du scénario de report. Le tableau ci-après fait état de chacun des scénarios retenus pour fins d’analyse.

Des conditions avantageuses pour l’ensemble des Québécois

La position et la vision des grands industriels, quand on parle d'intervention dans les marchés d'exportation, sont à l'effet que le Producteur est celui qui détient tous les outils pour intervenir efficacement. Le Producteur possède une chambre de transactions, il dispose de la flexibilité requise et de l'entreposage. C’est pourquoi nous pensons que l'objectif collectif que l’on doit poursuivre pour l’ensemble de la société québécoise, c’est de maximiser autant que possible le prix qu'on obtient lorsqu'on exporte notre électricité dans les marchés limitrophes. Et pour ce faire, ça prend de l'expertise en termes de transactions, notamment pour les experts qui se trouvent dans les «trading room». À notre connaissance, le Distributeur n’a pas vraiment ce genre d'outil à sa disposition. Alors, nous sommes d’avis que, pour le bénéfice de l’ensemble des Québécois, ce serait préférable que cette activité soit faite par la division qui détient les outils et l'expertise pour le faire. D’autant plus qu’en intervenant dans les marchés le Distributeur entre en quelque sorte en compétition avec le Producteur, ce qui ne saurait être la meilleure stratégie pour optimiser les prix obtenus sur ces marchés. Comme nous l’avons dit à maintes reprises, plus on exporte moins c’est payant et quand on exporte, on fait face à des limitations inhérentes aux interconnexions et aux périodes où les prix sont attrayants.


Gestion des surplus
Une allocution remarquée au 7e Forum québécois sur l’électricité

Les 13 et 14 mai derniers s’est tenu le 7e Forum québécois sur l’électricité dont l’AQCIE était co-président. À cette occasion, le directeur exécutif, Luc Boulanger, y a fait une présentation conjointe avec Philip Raphals du Centre Hélios dont voici quelques extraits concernant la problématique des surplus d’électricité.

«D’abord, il faut comprendre que si l’on se retrouve avec autant de surplus, c’est que la demande anticipée particulièrement celle en provenance des grands industriels ne s’est pas matérialisée. Au contraire, cette demande a chuté et nous serons en mesure d’expliquer les raisons de cette fragilisation de plusieurs usines manufacturières, l’impact désastreux que cela a eu en particulier sur les secteurs des pâtes et papier et de la chimie. Bref, on parle d’une cinquantaine de fermetures d’usines depuis deux ans dans le secteur manufacturier. Cela a bien sûr fait fléchir la demande en électricité.

Pour bien comprendre la situation, il faut aussi regarder du côté de la division fonctionnelle d’Hydro-Québec en vigueur depuis l’an 2000, suite à la sanction de la loi 116. C’est le Distributeur qui détient depuis la responsabilité de fournir les besoins domestiques du Québec en électricité. Pour ce faire, cette division établit des plans d’approvisionnement de long terme, par exemple jusqu’en 2020. Le 1er plan adopté au début des années 2000 était conçu suivant la logique qu’il était préférable d’être en situation de surplus puisqu’il était plus simple, du moins c’est ce que l’on croyait à l’époque, d’écouler les surplus sur les marchés d’exportation que de s’approvisionner pour combler un manque. Or aujourd’hui, on se rend compte que ce n’est pas exact. Ainsi, la preuve en a été faite avec l’expérience que l’on a connue lors de la première requête visant la suspension des contrats entre le producteur et le distributeur, alors que la Régie ordonnait au distributeur d’écouler ses surplus sur les marchés. Les profits escomptés de cette activité n’ont pas été au rendez-vous. Par la suite, une deuxième requête a suivi concernant cette fois la suspension du contrat de TransCanada Energy. Dans ces deux cas, il a été établi que d’écouler les surplus à des prix intéressants n’était pas possible. La Régie en avait fait l’expérience avec le contrat entre le distributeur et le producteur qu’elle a refusé de suspendre et qui a généré des revenus moyens de revente de 5,9 ¢/kWh, soit bien en deçà de ce qui était anticipé. Voilà pourquoi le contrat avec TCE a été suspendu, car compte tenu des risques déjà identifiés, il est apparu à la Régie que de contraindre le distributeur à prendre livraison à grands frais d’électricité dont il n’a pas besoin pour tenter de la revendre à profit dans un marché compétitif serait imprudent. Il s’est donc avéré plus payant de suspendre le contrat en compensant le manque à gagner que de tenter d’écouler les quantités excédentaires sur les marchés d’exportation.

Une autre requête actuellement devant la Régie concerne la suspension des livraisons du producteur. Nous sommes fortement convaincus qu’il est dans l’intérêt des Québécois que la Régie accorde de nouveau cette suspension, toujours dans l’optique de minimiser les risques tout en considérant que le distributeur est en bien moins bonne position que le producteur pour gérer ces surplus.

En effet, le distributeur étant réglementé, il doit donc faire approuver toutes ses stratégies par la Régie, ce qui l’oblige à agir sur la place publique. De plus, il ne dispose pas des outils essentiels pour lui permettre d’obtenir le prix optimum sur les marchés, i.e. les capacités d’entreposage, il ne possède ni chambre de transaction, ni les experts en «trading», qui sont indispensables à la réussite de telles transactions. C’est le producteur qui est mieux placé pour agir sur les marchés et écouler les surplus. Il est donc dans l’intérêt de tous que ce soit le producteur qui procède à ces transactions.

Ce scénario excédentaire devrait se poursuivre jusqu’en 2011, moment où la demande domestique devrait avoir suffisamment augmentée pour faire diminuer les surplus. Il est donc essentiel que la société d’État en tire le meilleur parti en agissant de façon stratégique sur les marchés, et cela pourra se faire si c’est le producteur qui gère les surplus plutôt que le distributeur.»


Dans la presse…


De l'électricité au rabais pour les entreprises - Les Affaires  18-04-08
Les tarifs industriels d'Hydro-Québec sont de moins en moins concurrentiels - Les Affaires  08-03-08


Groupe de travail sur l’investissement des entreprises


L’AQCIE a rencontré le groupe de travail sur l’investissement des entreprises présidé par l’économiste Pierre Fortin et lui a présenté les attentes des grandes entreprises relativement au climat d’investissement. Parmi la vingtaine de recommandations du groupe de travail, deux nous semblent particulièrement intéressantes. Les voici :

«Recommandation 6

Le groupe de travail recommande au gouvernement d’appuyer la philosophie du rapport Gagné, selon lequel égaliser les chances entre les régions tout en favorisant la productivité requiert une politique générale fondée sur un critère neutre comme la distance et encourageant l’investissement.

- La politique de développement régional doit atténuer le handicap de la distance, mais employer des moyens d’intervention qui encouragent la performance et ne dressent pas les régions du Québec les unes contre les autres.
- Il faut en même temps continuer de soutenir la recherche de créneaux d’excellence en région qui s’est organisée autour du projet ACCORD.

Recommandation 9

Le groupe de travail recommande au gouvernement de reconnaître la contribution remarquable des multinationales québécoises et étrangères à l’investissement au Québec, de continuer à bien accueillir les multinationales étrangères, mais d’adopter des règles claires sur les prises de contrôle d’entreprises locales.

- Les multinationales étrangères emploient seulement 13 % des travailleurs au Québec, mais elles sont à l’origine de 40 % à 50 % de l’investissement en équipement de production. 
- Les multinationales québécoises et étrangères jouent un rôle majeur dans l’économie, en raison :
   - de leur haut niveau de productivité;
   - de leurs économies d’échelle;
   - de leurs liens avec les autres pays;
   - de leur haut niveau d’investissement et de R-D;
   - de leur incubation de nouveaux talents entrepreneuriaux;
   - de la réciprocité avec nos multinationales à l’étranger;
   - de leurs échanges avec les fournisseurs québécois.»

» Télécharger le rapport


Golf et réseautage…


La journée de golf qu’organise annuellement l’AQCIE se tiendra au Club de Golf "Les Dunes" de Sorel Tracy le jeudi 18 septembre 2008. Réservez la date à votre agenda et confirmez votre présence au dg@aqcie.org


Conseil d’administration AQCIE 2008-2009


Président
M. Carl Yank
ERCO Mondial

Vice-président
M. Nicolas Dalmau
Alcoa Canada

Trésorier
M. Jean Goyette
EKA Chimie Canada Inc.

Président sortant
M. Serge Bergeron
QIT - Fer & Titane Inc.


 
Directeurs
M. Éric Angers
Air Products Canada Ltée
M. Pierre A. Cossette
Groupe Alcan Métal Primaire
M. Denis Côté
Xstrata Zinc Canada
M. Denis Faucher
PPG Canada Inc.
M. Michel Gariépy
CE Zinc Canada
M. Mike Mazzarello
Olin
M. Olivier Pagé
ArcelorMittal

Directeur exécutif de l'AQCIE
Luc Boulanger

 
     
  L’ÉNERGIQUE est le bulletin d’information de l’AQCIE. Il est publié quatre fois par année à l’intention des membres et partenaires de l’Association. Toute reproduction est autorisée à condition d’en mentionner la source et de nous en informer au dg@aqcie.org