Été 2014  
VOLUME 8 | NUMERO 2  
 

 
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Mot du président

Un nouveau départ

Par Carl Yank

Président du Conseil de l’AQCIE et
Directeur général – Affaires Chlorite de sodium,
ERCO Mondial

À la suite de la dernière assemblée annuelle de l’AQCIE, j’ai eu le plaisir de reprendre du service comme président du conseil d’administration. J’entrevois cette présidence dans une perspective de continuité, non seulement parce que mon prédécesseur Nicolas Dalmau a fait un excellent travail au cours des quatre dernières années, et je tiens à l’en féliciter, mais aussi parce que l’AQCIE s’est engagée dans des démarches importantes qu’il est essentiel de mener à terme.

De grandes priorités, pour une richesse collective

On peut à cet égard souligner notre démonstration, devant la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, du besoin impératif d’améliorer la compétitivité, la stabilité, la prévisibilité et la flexibilité des tarifs industriels d’électricité. On peut aussi penser aux démarches que nous avons initiées pour faire progresser le dossier de la réglementation incitative; à la contestation de l’inclusion dans la tarification du dernier appel d’offres de 450 MW d’énergie éolienne et à nos représentations pour que soit affirmée l’indépendance judiciaire de la Régie de l’énergie. À cela s’ajoute le travail expert que l’AQCIE réalise devant la Régie dans les dossiers ayant une incidence sur les tarifs d’électricité.

Après plus de 35 ans de travail au sein de l’industrie québécoise, Je suis heureux de poursuivre à travers l’AQCIE ma contribution à la « cause » du développement industriel du Québec, de l’amélioration de la compétitivité de nos entreprises membres. Il me fait plaisir de souligner que leur nombre s’est accru au cours des dernières années, et je remercie nos 51 entreprises membres, les toutes premières comme les toutes récentes, de leur contribution à nos succès.

Au cours de ce nouveau mandat nous poursuivrons nos efforts de recrutement de nouveaux membres. Pour relever ses nombreux défis, l’AQCIE a besoin des ressources que nous offrent nos membres, de leur expertise et de leur représentativité. Tous ces éléments contribuent à la pertinence de nos interventions et ajoutent du poids à nos arguments. Car l’AQCIE et ses membres – et cela il est bien important de le souligner – représentent tous les secteurs d’activité industrielle au Québec, et non seulement ceux que l’actualité met de temps à autres en évidence

Notre action doit évidemment aller dans le sens des intérêts de nos membres. Ce faisant, nous travaillons aussi dans l’intérêt des Québécois, car tous profitent, d’une façon ou d’une autre, de la richesse que créent ici nos industriels.

Une relance bien nécessaire de l’économie québécoise

Peu après mon retour à la présidence de l’AQCIE, le Québec se dotait d’un nouveau gouvernement. Nous lui souhaitons le meilleur des succès dans ce qu’il a identifié comme sa grande priorité : la relance de l’économie du Québec. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions : il s’agit d’un projet de grande envergure et de longue haleine. Un projet auquel les industriels ont hâte de contribuer, en souhaitant que les décisions du gouvernement les aident à donner leur pleine mesure.

Depuis un certain temps, les nuages s’amoncellent à l’horizon. Si les finances publiques sont en grande difficulté, c’est aussi parce que les entreprises n’arrivent pas à contribuer autant qu’elles le voudraient à l’activité économique. Le rapport mensuel des opérations financières du ministère des Finances soulignait que, pour l’exercice d’avril 2013 à mars 2014, 60 % du déficit du Québec de 2013-2014, estimé à 3,1 milliards $, est attribuable au passage à vide des entreprises1. Les impôts sur les profits des entreprises ont ainsi chuté de 19,7 %, une perte de plus de 770 millions $ pour le trésor public. Si les profits baissent, c’est que les entreprises sont en difficulté. Et ces difficultés, comme nous l’avons vu dans l’actualité, se traduisent aussi par des fermetures et par la perte de nombreux emplois.

Dans une étude parue à la fin mai, l’économiste Joëlle Noreau du Mouvement Desjardins nous apprenait que le Québec comptait pour plus de la moitié des faillites d’entreprises survenues au Canada en 20132. Plus du double de ce à quoi nous pourrions nous attendre en raison du poids démographique du Québec. Quant à l’emploi, les données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada révélait en juin que « Depuis le début de l’année, l’économie canadienne crée en moyenne 8 800 emplois par mois, tandis que celle du Québec en élimine 4 500 »3.

Si j’estime devoir poursuivre dans la continuité à la présidence de l’AQCIE, le gouvernement, lui, reconnaît dans son récent budget qu’il ne peut se permettre cela. La situation difficile des finances publiques québécoises perdure depuis plusieurs années. Nous ne pouvons qu’encourager le gouvernement à adopter des mesures déterminantes – réfléchies et bien informées aussi – pour assainir cette situation. L’exercice de révision en profondeur des programmes de l’État dans lequel il s’est engagé est nécessaire, et l’approche méthodique adoptée est rassurante.

Par contre, la décision de redonner vie aux projets de minicentrales, particulièrement dans le contexte de surplus d’électricité chronique que l’on connaît, surprend et déçoit4. Cette initiative s’ajouterait à l’expérience désolante sur le plan tarifaire de l’éolien, qui compte pour plus de la moitié de l’augmentation tarifaire disproportionnée connue au 1er avril dernier et, de nouveau, pour plus de la moitié de la prochaine demande tarifaire d’Hydro-Québec.

Une ligne très nette doit s’établir entre la tarification de l’électricité et les mesures de développement économique régional. Ces dernières peuvent avoir leur valeur, ce que l’AQCIE ne dispute pas, mais elles doivent être financées de manière appropriée, à même les revenus de l’État. D’où la distinction essentielle qu’il faut préserver entre les tarifs, les taxes et les impôts. Dans le cas des minicentrales, si elles voient le jour, ainsi que dans l’ajout d’éoliennes, les coûts doivent être assumés par Hydro-Québec Production, et son unique actionnaire le gouvernement du Québec. Puisque les clients d’Hydro-Québec n’ont aucun besoin de cette énergie dispendieuse, il n’existe aucune justification pour qu’elles viennent gonfler les hausses déjà trop élevées des tarifs d’électricité.

Le rôle unique des grandes entreprises

Le gouvernement a déjà fait une distinction importante en soulignant que son budget en serait un de rigueur plutôt que d’austérité. La rigueur étant plus compatible avec le développement que ne l’est l’austérité. Cette rigueur doit aussi s’appliquer dans la reconnaissance du rôle unique des grandes entreprises. Déjà moins nombreuses au Québec que dans le reste du Canada, on cherche dans la Politique industrielle québécoise 2013-2017 – fortement orientée sur les PME – les mesures qui seraient propres à les soutenir et à dynamiser leur développement.

S’il est vrai que le Québec compte un grand nombre de PME, l’emploi qu’elles offrent est loin d’être proportionnel. Pour un Québec plus prospère et plus entrepreneurial5, une étude très fouillée réalisée par les Études économiques du Mouvement Desjardins en collaboration avec le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), illustre que les microentreprises (1 à 4 employés) comptent pour 54,3 % de toutes les PME mais n’offrent que 6 % des emplois. Pour leur part, les grandes entreprises (500 employés et plus), qui ne représentent que 0,3 % du nombre d’entreprises, fournissent 43 % des emplois. Si l’on ajoute à ces emplois ceux que les grandes entreprises, en tant que donneurs d’ouvrage, entretiennent dans les autres PME de toutes tailles, il est permis de penser que ces grandes entreprises sont à l’origine de bien plus que la moitié des emplois.

Voilà pourquoi le gouvernement doit réserver aux grandes entreprises, à l’énergie électrique et à leurs enjeux propres, une attention qui correspond non seulement à leur rôle actuel, mais aussi à celui qu’elles auront à jouer dans la relance économique du Québec.

C’est pourquoi l’AQCIE entrevoit avec enthousiasme les occasions qui lui seront offertes de travailler avec ses entreprises membres, avec tous les industriels et avec le gouvernement à la relance de l’économie québécoise. On ne peut penser à un plus beau projet pour notre Association ! fin

Notes

  1. Rapport mensuel des opérations financières, Ministère des Finances, 27 juin 2014, p. 4
  2. Le Québec compte pour la moitié des faillites au pays, André Dubuc, La Presse, 30 mai 2014.
  3. Le marché du travail en pleine léthargie, Rudy Le Cours, La Presse, 12 juillet 2014
  4. Voir la section Mini centrales, une blague ? dans Les entreprises responsables du tiers du déficit du Québec, Francis Vailles, La Presse, 27 mai 2014
  5. Pour un Québec plus prospère et plus entrepreneurial, p. 19, Études économiques Desjardins/Cirano

Notes

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  L’ÉNERGIQUE est le bulletin d’information de l’AQCIE. Il est publié quatre fois par année à l’intention des membres et partenaires de l’Association. Toute reproduction est autorisée à condition d’en mentionner la source et de nous en informer au dg@aqcie.org